La douceur de l'eau

Les canons se sont tus. La Guerre de Sécession se solde par la défaite du Sud esclavagiste. Si l'émancipation des esclaves est proclamée, cela ne signifie pas  pour autant que les asservis sont libres, désormais. Quelle est la teneur d'une liberté privée de foyer, de moyens de subsistance et sous la menace d'anciens  maîtres? Telle est la dure réalité à laquelle sont confrontés Prentiss et son frère Landry qui, morts de faim, se cachent dans la forêt. Lorsque George, un propriétaire blanc marqué par la mort supposée de son fils au combat, les découvre, leur destin change pour le meilleur mais aussi pour le pire...

Nathan Harris fait preuve d'une belle ambition : faire cheminer ensemble blancs et noirs dans un monde fracturé par la haine et le racisme. La ségrégation n'a pas dit son dernier mot mais quelques êtres courageux vont tenter d'en briser l'inéluctable dynamique. Ce premier roman habité explore la tragédie sous un angle nouveau. L'empathie qu'il témoigne est communicative. A l'instar de l'eau qui lave certains affronts, la douceur de son écriture participe de la vive émotion ressentie.

Un livre admirable à bien des égards.