Fiche numéro : 6

Juin - Sohei Toge

Fiche n° 6 – Le personnage du mois de juin 2022

Sōhei Tōge

Un personnage du manga d'Osamu Tezuka L'Histoire des 3 Adolf (1983-1985)

Être le narrateur et le personnage principal d'une intrigue suffit-il à faire d'un protagoniste le héros de sa propre histoire ? Rien n'est moins sûr, en particulier en ce qui concerne Sōhei Tōge.

Jeune journaliste japonais venu couvrir les Jeux olympiques de Berlin en 1936, Sōhei Tōge assiste impuissant à l'assassinat de son frère, peu de temps après son arrivée en Allemagne. Bien décidé à élucider ce meurtre mais ignorant alors jusqu'où son désir de vengeance va le mener, le voilà impliqué dans une affaire qui pourrait faire basculer le Führer en personne et tout le Troisième Reich avec lui...

Brave, enthousiaste, audacieux et entreprenant, le journaliste investira toutes ses qualités dans ce combat. Mais il n'hésitera pas non plus à se montrer sous son plus mauvais jour, à employer la manière forte et à laisser parler ses défauts. Souvent admirable et régulièrement détestable, Sōhei Tōge est finalement très humain. Et si c'était ça la définition d'un héros ?

L’œuvre :

L'Histoire des 3 Adolf, qui propose une relecture de la Seconde Guerre mondiale et pose un regard inattendu sur les relations entre l'Allemagne et le Japon, est une création tardive dans l’œuvre d'Osamu Tezuka, puisqu'elle fait l'objet d'une prépublication dans un magazine entre 1983 et 1985, quelques années seulement avant la mort de son auteur. Jusqu'alors, celui-ci était surtout reconnu comme auteur pour la jeunesse, avec des titres tels que Astro le petit robot ou Le Roi Leo. Mais après un virage vers un registre plus sombre entamé une dizaine d'années plus tôt avec l'excellent et complexe Ayako, L'Histoire des 3 Adolf marque définitivement la bascule de Tezuka dans un registre sans doute plus adulte, certainement plus mature.

L'auteur :

Osamu Tezuka (1928-1989) est un auteur incroyablement prolifique qui laisse derrière lui quelques dizaines de milliers de pages, des titres par centaines et surtout une empreinte profonde sur le manga moderne et une indéniable influence sur la production actuelle. De sa mise en scène cinématographique à son découpage original, en passant par l'expressivité de son trait, son humour ou encore son discours humaniste, son style est unique, précurseur et très reconnaissable. C'est pour toutes ces raisons qu'aujourd'hui un musée lui est consacré, qu'un prix porte son nom et qu'on ne le surnomme pas moins que « Le Dieu du manga ».

Fiche rédigée par Antoine Desbordes