Fiche numéro : 9
Philippe Jaenada
On ne se refait pas. C'est lundi et le métro m'emporte sans se presser de Vincennes à la Maison de la radio, tout à l'ouest.
Frédérique, animatrice à Fip m'invite à parler du dernier roman de Philippe Jaenada dans sa toute nouvelle et excitante émission de radio «Fip livre ses musiques» ([Ecouter l'émission->http://sites.radiofrance.fr/chaines/fip/evenements/sommaire/feven.php?even_id=245000154]). C'est donc le cœur léger, que je regarde, entre deux pages d'un roman, défiler les dizaines de stations qui me séparent du micro.
Il est 14 h pile (j'aime bien être à l'heure), j'envoie un SMS à Frédérique et j'attends tranquillement porte F, parmi les personnels en pause clope, m'appliquant à faire de discrètes torsions de la mâchoire inférieure (qu'elle est lourde celle-là !), car il va falloir que je lise deux passages (dont un pas facile-facile) de [La femme et l'ours->http://www.librest.com/tous-les-livres/la-femme-et-l-ours,1420397-0.html] , dans des conditions de direct... Là, je dois reconnaître que l'appréhension me gagne, même si, je crois afficher la morgue typique du pro.
Pascal! Philippe! Ça c'est une bonne surprise, Philippe t'es là aussi! L'Ours, en personne! Je suis bien content même si j'étais tout ému d'être seul à seul avec la Voix de Fip (les gars, on se comprend). Le temps d'échanger les politesses d'usage et nous voilà installés dans «un studio resté dans son jus» (1970) commente très justement Frédérique.
On fait les essais de micros, l'Ours et moi d'abord et puis Frédérique dite la Voix, et là, franchement on se regarde avec Philippe l'œil mi-clos et néanmoins brillant, l'air de dire c'est ça, c'est exactement ça, quel talent, quel bol on a d'être là. La demi-heure d'émission se déroule comme en apesanteur, les choix musicaux de Frédérique sont d'un goût exquis, bon je galère un poil sur la lecture du passage difficile (c'était prévu, ma mandibule) mais je me rattrape sur l'autre (on a sa fierté).
Comme j'avais pris un peu d'élan, j'ai pu d'une seule phrase fleuve dire mon indéfectible admiration pour l'œuvre de cet écrivain discret, sa mélancolie, son humour incroyable sans omettre de souligner qu'il y a chez lui quelque chose de David Goodis et de Raymond Chandler (je savais qu'il aimerait).
[La femme et l'ours->http://www.librest.com/tous-les-livres/la-femme-et-l-ours,1420397-0.html] est une superbe histoire d'amour, sûrement le livre le plus drôle de cet automne (même si, au fond, c'est une authentique tragédie, une flamboyante dégringolade), un livre dont je parle et parlerai à Millepages avec passion même si on me plante des clous dans la langue.
On s'est quitté - la Voix, l'Ours et moi – comme à regret, mais rassasiés de bonnes vibrations.
Avec un verre dans le nez, on aurait pu chanter du Tom Waits à tue-tête. Au seuil du métro, Philippe m'a glissé un «tu es mon ange gardien, Pascal" que j'ai pris tel quel, sans faire le modeste. Un libraire ange gardien, c'est pas si mal par les temps qui courent, non?
Pascal Thuot
Il est 14 h pile (j'aime bien être à l'heure), j'envoie un SMS à Frédérique et j'attends tranquillement porte F, parmi les personnels en pause clope, m'appliquant à faire de discrètes torsions de la mâchoire inférieure (qu'elle est lourde celle-là !), car il va falloir que je lise deux passages (dont un pas facile-facile) de [La femme et l'ours->http://www.librest.com/tous-les-livres/la-femme-et-l-ours,1420397-0.html] , dans des conditions de direct... Là, je dois reconnaître que l'appréhension me gagne, même si, je crois afficher la morgue typique du pro.
Pascal! Philippe! Ça c'est une bonne surprise, Philippe t'es là aussi! L'Ours, en personne! Je suis bien content même si j'étais tout ému d'être seul à seul avec la Voix de Fip (les gars, on se comprend). Le temps d'échanger les politesses d'usage et nous voilà installés dans «un studio resté dans son jus» (1970) commente très justement Frédérique.
On fait les essais de micros, l'Ours et moi d'abord et puis Frédérique dite la Voix, et là, franchement on se regarde avec Philippe l'œil mi-clos et néanmoins brillant, l'air de dire c'est ça, c'est exactement ça, quel talent, quel bol on a d'être là. La demi-heure d'émission se déroule comme en apesanteur, les choix musicaux de Frédérique sont d'un goût exquis, bon je galère un poil sur la lecture du passage difficile (c'était prévu, ma mandibule) mais je me rattrape sur l'autre (on a sa fierté).
Comme j'avais pris un peu d'élan, j'ai pu d'une seule phrase fleuve dire mon indéfectible admiration pour l'œuvre de cet écrivain discret, sa mélancolie, son humour incroyable sans omettre de souligner qu'il y a chez lui quelque chose de David Goodis et de Raymond Chandler (je savais qu'il aimerait).
[La femme et l'ours->http://www.librest.com/tous-les-livres/la-femme-et-l-ours,1420397-0.html] est une superbe histoire d'amour, sûrement le livre le plus drôle de cet automne (même si, au fond, c'est une authentique tragédie, une flamboyante dégringolade), un livre dont je parle et parlerai à Millepages avec passion même si on me plante des clous dans la langue.
On s'est quitté - la Voix, l'Ours et moi – comme à regret, mais rassasiés de bonnes vibrations.
Avec un verre dans le nez, on aurait pu chanter du Tom Waits à tue-tête. Au seuil du métro, Philippe m'a glissé un «tu es mon ange gardien, Pascal" que j'ai pris tel quel, sans faire le modeste. Un libraire ange gardien, c'est pas si mal par les temps qui courent, non?
Pascal Thuot