Fiche numéro : 41

Avril - Bouïda

Fiche n°41 – Avril 2023

Le train zéro de Iouri Vassilievitch Bouïda

Titre original : Don Domino

Année de publication originale : 1994

Gallimard collection L'imaginaire,1998 pour la présente édition, traduit par Sophie Benech

Au cœur d'une Russie isolée, un village dont on ignore le nom gravite autour d'une station de train. Toutes les nuits, à la station 9, un train passe. Personne ne sait où il va, d'où il vient ni ce qu'il transporte.

Écrit quelques années seulement après la chute de l'URSS en 1991, Le train zéro dépeint la vie d'une poignée de Russes dont l'amour pour le train – ou pour la patrie, nous ne savons plus - vire à l'obsession. Au milieu des odeurs et du froid, les pieds dans la boue, l'auteur nous fait vivre les tourments de son personnage principal, Ivan, bien déterminé à rester fidèle à son travail de gardien. Car le train écrase, obsède, tue les autres qui ne se contentent pas de l'ignorance et cherchent à en savoir plus. Non sans rappeler le superbe Désert des Tartares de Dino Buzzati, Le train zéro relate une Russie encore aux prises avec un totalitarisme à qui l'ignorance profite. Au-delà du portrait d'une Russie confinée, Iouri Bouïda campe en un texte court et puissant aux allures kafkaïennes la solitude de ses personnages, leurs envies d'amour, de vie et de reconnaissance.

L'auteur :

Iouri Bouida est né en 1954 dans la région de Kaliningrad où il commence sa carrière comme journaliste avant d'emménager à Moscou pour entamer l'écriture de ses premiers livres : Le Train Zéro en 1994, nommé par la suite au Prix Booker russe, La Fiancée Prussienne en 1998, puis Yermo en 2002. Son œuvre, dont les récits témoignent avec brio de la vie du peuple russe passée, présente et future, reste plutôt méconnue en France. Iouri Bouïda demeure pourtant une figure majeure de la littérature contemporaine russe.

Extrait :

« Il n'y a que Dieu qu'on attend comme ça ou peut-être le diable... Mais pas un train, Ivan, poursuivait Goussia. Seulement toi, tu ne crois ni à Dieu, ni au diable, tu as ton train. Le train zéro. Tu te moques de savoir d'où il vient, où il va, s'il est utile ou non, s'il existe encore ou si ça fait longtemps qu'il a disparu. Pour toi, le monde est toujours debout tant que ton train passe. Le train zéro. »

Fiche rédigée par Alice Tillet