Fiche numéro : 40
Mars - Vian
Fiche n°40 – Mars 2023
Boris Vian – « Je voudrais pas crever »
Le Livre de Poche
Édition originale : 1962, et Livre de poche, 1997 pour la présente édition
« Je voudrais pas crever » réunit tout le génie de Boris Vian en un recueil de poèmes.
Début des années 1950, l’auteur, malade, traverse une période particulièrement difficile de sa vie. Pauvre et endetté, empêtré dans un procès pour « outrage aux bonnes mœurs » suite à la publication de « J’irai cracher sur vos tombes », ses romans ne connaissent aucun succès. Poèmes du doute, poèmes de la mélancolie, poèmes de l’angoisse, « Je voudrais pas crever » regarde la mort dans les yeux. Et c’est justement dans ce moment de trouble que l’urgence poétique de Vian explose : provocants, novateurs, endiablés, mélodieux, ces poèmes sont tout simplement géniaux. L’auteur triture les mots, en invente de nouveaux, en ampute d’autres pour en faire de la poésie. Vingt-trois poèmes, vingt-trois jaillissements littéraires comme autant d’étoiles dans l’œuvre d’un artiste pour qui la création n’était pas un loisir mais une nécessité vitale. Et les quelques lettres de l’auteur en fin d’ouvrage au Collège de Pataphysique dont il était membre sont autant de bijoux d’humour et d’inventivité.
L'auteur
Poète, romancier, traducteur, musicien … Boris Vian a toujours voulu créer, peu lui importait la discipline. Écrivain novateur et provocateur, il ne connaît qu’un faible succès de son vivant. En 1959, il fait un arrêt cardiaque lors de la projection cinématographique de l’adaptation de « J’irai cracher sur vos tombes », ce roman qui lui a valu un procès et toutes ses angoisses. Il n’avait que 39 ans.
Extrait
« Je voudrais pas crever
Avant d’avoir connu
Les chiens noirs du Mexique
Qui dorment sans rêver
Les singes à cul nul
Dévoreur de tropiques
Les araignées d’argent
Au nid truffé de bulles
Je voudrais pas crever
Sans savoir si la Lune
Sous son faux air de thune
A un côté pointu
Si le soleil est froid
Si les quatre saisons
Ne sont vraiment que quatre
Sans avoir essayé de porter une robe
Sur les grands boulevards
Sans avoir regardé
Dans un regard d’égout
Sans avoir mis mon zobe
Dans des coinstots bizarres
Je voudrais pas crever »