Fiche numéro : 32
Mai - Poe et Verne
Fiche n°32 – Mai 2022 (première partie)
Les Aventures d’Arthur Gordon Pym d’Edgar Alan Poe (1838)
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Charles Baudelaire (1858)
Paradoxalement, l’unique roman achevé d’Edgar Alan Poe est un récit présenté comme inachevé : nul ne sait ce qu’est devenu Arthur Gordon Pym après ses incroyables aventures, lui qui, passager clandestin sur un brick, a survécu à une mutinerie, à un naufrage et à la famine, à une tribu cannibale et à l’inhospitalité du pôle Sud. Nul ne le sait, pas même l’auteur du livre. En effet, l’écrivain américain assure n’être que le rapporteur du destin de ce jeune homme animé par un irrépressible désir de liberté. Depuis, alors que Pym est porté disparu, la porte aux hypothèses les plus folles est ouverte. Folle ou non, la plus convaincante est certainement celle fournie par Jules Verne en 1897. Près de soixante ans après le point final posé par Edgar Alan Poe, le père du Capitaine Némo reprendra le récit là où il avait été abandonné, lui rendant un bel hommage et lui offrant une chute à sa hauteur. Le Sphinx des glaces est une suite magistrale, un livre qui aurait mérité d’être le classique de ce mois-ci, tiens !
Fiche n°32 – Mai 2022 (seconde partie)
Le Sphinx des glaces de Jules Verne (1897)
Dans Les Aventures d’Arthur Gordon Pym, Edgar Alan Poe entretenait un lien trouble entre réalité et fiction tout en laissant planer le doute sur le destin de son personnage. Que lui arrive-t-il au pôle Sud ? Quelle est cette « silhouette voilée » sur laquelle s’interrompt son récit ? Mystère ! Il faudra attendre plus d’un demi-siècle pour obtenir des réponses à ces questions. C’est en 1897, dans le cinquantième volume de la fameuse série des Voyages extraordinaires, que Jules Verne lèvera le voile. Un message dans une bouteille, un carnet secret, les débris d’une épave, il n’en faut pas plus à Jules Verne pour se lancer sur les traces d’Arthur Gordon Pym. Prenant ses distances avec la dimension fantastique explorée par Edgar Alan Poe, l’auteur de L’Île mystérieuse propose une fin mouvementée et ingénieuse digne de ses plus grands romans d’aventures. Il clôture comme il se doit Les Aventures d’Arthur Gordon Pym, un roman inventif, monumental mais pourtant longtemps boudé, et dont la langue est sublimée par la traduction de Charles Baudelaire, un livre qui aurait mérité d’être le classique de ce mois-ci, tiens !
Fiche rédigée par Antoine Desbordes