Fiche numéro : 24

Été - Süskind

Fiche n°24 – Été 2021

La contrebasse de Patrick Süskind

Année de première publication : 1984 chez Diogenes

Traduit de l'allemand par Bernard Lortholary chez Fayard en 1989, réédition au Livre de Poche en 1992

Titre original : Der Kontrabass

Monologue drôle et tragique, cette œuvre, moins connue que Le Parfum mais tout aussi géniale, met en scène un contrebassiste fonctionnaire à l'Orchestre National d'Allemagne, troisième pupitre. Le texte commence tout en arrogance et annonce d'emblée : « un orchestre peut se passer d'un chef mais pas d'une contrebasse ». Mais petit à petit, l'amour fait place à la haine envers cet instrument trop imposant mais invisible, qui ressemble à « une grosse bonne femme » tout en restant sensuel, un handicap magnifique, essentiel mais peu considéré. Entrecoupé de gorgées de bière, d'extraits d'opéras et de confessions plus intimes, cette tirade est un bijou de théâtre, comme le prouvent les représentations ininterrompues à l'international depuis la première en 1981.

L'auteur :

Né en 1949 en Bavière, Patrick Süskind étudie l'histoire avant de s'installer à Aix-en-Provence puis à Paris. La Contrebasse est son premier succès et sera jouée 500 fois entre 1984 et 1985. Son plus gros succès à ce jour reste Le Parfum (1985), qui connaît une adaptation au cinéma en 2006 et qui sera le plus grand best-seller en Allemagne neuf années de suite. Il écrit Le Pigeon, dont l'action se situe à Paris, en 1988 et L'histoire de Monsieur Sommer en 1991, illustré par Sempé.

Extrait, p.55:

« La jalousie est un sentiment que je ne connais pas, car je sais ce que je vaux. Mais j'ai le sens de la justice et, dans le monde de la musique, il y a des choses totalement injustes. Le soliste a droit à des avalanches d'applaudissements, le public se sent brimé si on ne le laisse pas applaudir tout son soûl ; le chef récolte des ovations ; puis il se tourne vers le premier violon et lui serre la main au moins à deux reprises ; parfois, l'orchestre tout entier se lève... Quand vous êtes contrebassiste, vous ne pouvez même pas vraiment vous lever. Quand vous êtes contrebassiste, vous êtes – pardonnez-moi l'expression – ni plus ni moins que de la crotte ! »

Fiche rédigée par Claire Bitaudeau.