Fiche numéro : 21

Avril - Hébert

Fiche n°21 - Avril 2021


Les fous de Bassan d’Anne Hébert
Année de première publication : 1982
Éditeur : Seuil, collection « Points »

Dans le village de Griffin Creek, tout le monde se connaît depuis l’enfance. Au sein de cette communauté rythmée par le même quotidien depuis des générations, le retour de Stevens, parti depuis cinq ans, ne passe pas inaperçu. Hébergé par sa cousine Maureen, il s’intègre à nouveau à cette vie de famille bercée par le ressac de l’océan et les prêches du révérend Nicolas Jones. Mais, un beau soir de l’été 1936, ses deux cousines Olivia et Nora disparaissent près du rivage laissant le village stupéfait et en émoi. Au cours de cet été, où les pensées pécheresses et vénéneuses foisonnent, les personnages vont tour à tour reconstituer leurs emplois du temps et se révéler au grand jour. À travers ce roman choral, Anne Hébert raconte un Québec figé par le poids des traditions millénaires. Les sentiments refoulés et les non-dits forment le nœud de cette intrigue aux accents bibliques où le spectacle de la nature répond souvent au silence des êtres.


L’autrice : Anne Hébert est née en 1916 dans le petit village de Sainte-Catherine-de-la-Jeanne-Cartier, au Québec. Publiant son premier recueil de poésie en 1942, elle passe ensuite à la fiction avec le recueil de nouvelles Le torrent dont la violence contenue et la langue très imagée marqueront durablement son style. En 1965, elle déménage à Paris où elle publie Kamouraska qui rencontre un vif succès. Son cinquième roman Les fous de Bassan reçoit le Prix Fémina en 1982 et fait d’Anne Hébert la deuxième québecoise à remporter un grand prix littéraire français. En 1998, elle retourne vivre au Québec où elle meurt deux ans plus tard, laissant derrière elle une œuvre colossale, grande source d’inspiration pour les auteurs francophones contemporains.

Extrait : « Inutile de me leurrer. La mémoire résonne dans tout mon corps, rumeur vivante en ondes sonores, vibre jusqu’au bout de mes ongles. Ce soir, une sensation de froid me pénètre peu à peu, à mesure que je surveille la nuit entre les fentes de la grange et la grande ombre double au-delà des ténèbres. La nuit fraîche n’explique rien du tout. Ce froid vient d’ailleurs, des profondeurs confuses de la naissance, du premier attouchement des mains glacées de ma mère sur mon corps d’enfant. » (p.86)

Fiche rédigée par : Morgan Cariou