Fiche numéro : 19
Février - Carter
Fiche n°19 – Février 2021
Les machines à désir infernales du Docteur Hoffman de Angela Carter
Année de première publication en Angleterre: 1972
Année de première traduction en France: 2016
Traduit de l'anglais par Maxime Berrée pour les éditions de l'Ogre
En Amérique Latine, la ville est assiégée par les illusions du Docteur Hoffman, un mystérieux savant fou qui met à mal les habitants et leur gouvernement : il se sert de leurs fantasmes pour envahir le réel. Le temps n'a plus sa place. Il suffit de regarder sa montre pour y voir des lianes en sortir et s'arrimer à vos pieds ; et on ne sait plus au petit matin si l'on sort de chez soi ou de chez son lointain cousin. Le rêve et le cauchemar ont pris possession de la ville et le gouvernement est en crise... mais Desiderio, à qui ce monde à l'envers ne fait ni chaud ni froid, pourrait changer la donne et retrouver ce docteur-tyran qui menace la ville de ses délires. S'ensuit un voyage extraordinaire au travers de contrées tantôt fabuleuses tantôt cruelles, où les dangers et merveilles sont derrière chaque croisement de chemin.
Ce roman est un récit formidable où l'imaginaire est mis en scène dans tous ses aspects : transgressif, libertaire et grandiose mais aussi amoral, excessif et tyrannique. Angela Carter crée un monde unique où le fantasme fait loi, où chacun prendra ses désirs pour des réalités.
L'autrice :
Angela Carter est née à Eastbourne en 1940. Romancière et journaliste, elle est surtout connue dans le monde anglo-saxon pour ses œuvres de réalisme magique féministe, inspirées par la littérature gothique et la science-fiction. Sa pensée féministe « radicalisée » (Nothing sacred, 1982) marque les femmes écrivaines de sa génération et mérite aujourd'hui un nouvel écho outre-manche. Lorsqu'elle meurt en 1992 à l'âge de 51 ans, Margaret Atwood écrit : « Elle était tout sauf sectaire. Rien, pour elle, n'avait de couleur tranchée : elle voulait savoir tout sur tout le monde, chaque endroit et chaque mot. Elle savourait la vie et le langage passionnément, et se délectait de la diversité. »
Extrait :
« A certains moments, en particulier le soir, quand les ombres s'allongeaient, la lumière ivre de la fin du jour se déversait avec une lourdeur étrange et suggestive, figeant les immeubles en pâmoison dans un miel paisible, solide et doux. Aurifié par les rayons de Midas au soleil couchant, le ciel prenait l'apparence d'une fine feuille d'or battu, comme la terre dans certaines peintures anciennes, si bien que les difformités monolithiques et sans profondeur de la ville acquéraient le charme supérieur de l'artifice. Alors nous ressentions le vertige de celui qui chancelle au bord d'un précipice magique - du moins, ceux qui parmi nous conservaient la notion de ce qui était réel ou pas. »
Fiche rédigée par Etienne Fauré