Fiche numéro : 25

Lettre à Héloïse Guay de Bellissen

Très chère Héloïse,



On se connaît un peu. C'est moi qui avait choisi de t'inviter à [la rentrée littéraire Librest au théâtre de la bastille en 2015->https://vimeo.com/140175929]. Tu venais de publier ce formidable roman, Les enfants de chœur de l'Amérique aux éditions Anne Carrière. On était flippé toutes les deux de monter sur la scène du théâtre. Alors on a bu des coups avant d'y aller. Des coups de café parce qu'à 10h du mat', on allait quand même pas se la jouer trash. Et on a fait connaissance. Mais j'ai pas été la seule à l'adorer ton roman. Et pour cause, c'était à la fois dans la langue et le style un super hommage à Salinger. Mais c'était aussi l'occasion de plonger au cœur des figures légendaires de l'histoire et de la culture américaine.

Puis à rebours, on a lu le Roman de Boddah sorti chez fayard en 2013, et paru chez Pocket tout récemment. Boddah est l'ami imaginaire de Kurt Cobain, chanteur iconique de Nirvana qui a fini à 27 ans par se tirer une balle dans la tête. Qui mieux que Boddah pour retracer le parcours de cette légende du grunge américain. Et c'est là où on admire tes trouvailles littéraires. Alors que dans les enfants de chœur, tu fais parler l'Amérique elle même, ici tu donnes la parole à celui qui aurait pu tout vivre et tout entendre. Mais il ne s'agit pas seulement de Kurt. Tu es une femme romantique, et comme toutes les femmes romantiques, tu aimes les histoires d'amour. Alors évidemment, comment passer à côté de Courtney Love ? Courtney, actrice, furie punk, chanteuse du groupe Hole et aussi et surtout compagne de Kurt avec qui elle aura un enfant. Enfin, une histoire d'amour, c'est une histoire d'amour un peu cash, où les soirées en tête à tête commencent par un petit fixe d'héroïne et où elles se terminent sur scène défoncées à sortir leurs tripes. C'est une histoire d'amour qui commence dans les délires passionnés des shoots, et qui finit dans les larmes et le sang, dans la sueur du manque. Et bien voilà Héloïse, ton livre, il fait cet effet là, l'effet d'un shoot qui nous laisse en manque. On le tient du début à la fin, on ne le lâche pas. On le referme et on se dit, on en veut encore. Car c'est brillant, c'est incisif comme toujours chez toi. Cet art de manier la langue, de la retourner, d'en extraire la matière la plus brute pour nous distiller des petites pépites du genre :



- Je n'aime pas l'odeur des enfants

- Hein ?

- ça pue le naufrage comme les vieux. Alors j'ai toujours un désodorisant au cas où.



Voilà, ta générosité elle est là, elle est dans ce style bien à toi qui file la pêche, une écriture comme dopée aux amphétamines qui ne se la raconte pas et qui raconte pourtant tellement. Alors on ne va pas en rester là, même s'il faudrait qu'on reste clean, mais ça c'est une autre histoire.
Merci Héloïse.

Je t'embrasse

Brindha