Fiche numéro : 62
Été 2025 - Perkins Gilman
Fiche n°63 – Été 2025
Herland de Charlotte Perkins Gilman
Année de première publication : 1915
Pavillons Poche, Robert Laffont, 2019, pour la présente édition
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Bernard Hoepffner
Au cours d’une expédition, trois jeunes américains découvrent un pays qui serait une terre de légende. Et pour cause : il s’agit d’un pays où ne vivent que des femmes. Van, Jeff et Terry y atterrissent par hasard,armés de la curiosité et des fantasmes liés à leur âge. Accueillis par trois femmes, ils sont confiés aux bons soins des gardiennes qui ont pour mission de les éduquer. Ce n’est pas une mince affaire : cette société exclusivement féminine est si déroutante, depuis la reproduction par parthénogenèse jusqu’aux fondements économiques qui régissent la communauté. Les femmes semblent vivre d’une façon totalement responsable et autonome dans une société qui ne connaît ni guerre, ni maladie, ni haine. Possession et jalousie n’existent pas. Alors quand les trois hommes tombent en amour de trois femmes qui le leur rendent bien, tout se complique. Ce roman utopique rédigé en 1915 n’est pas sans rappeler La cité des femmes de Christine de Pizan. Salué par Alberto Manguel comme étant l’œuvre féministe la plus réussie jamais écrite, il est le travail d’une intellectuelle dont le combat était assurément de renverser l’ordre social et genré de son temps.
L’autrice :
Charlotte Perkins Gilman est née le 3 juillet 1860 dans l’État du Connecticut. Essayiste et romancière, elle s’engage après un mariage malheureux auprès d’un mouvement réformateur socialiste américain et s’implique dans la Pacific Coast Woman’s Press Association dont elle devient la rédactrice en chef. Militant pour le droit de vote des femmes et leur indépendance économique, elle rédige l’essai Woman and Economics dans lequel elle défend la possibilité pour les femmes de se soustraire à la tutelle économique de leur mari. La Séquestrée (Libretto, 2021, réédité sous le titre Le Papier-peint jaune chez Tendance Négative en 2023) décrit l’enfermement d’une femme par son mari médecin suite à une dépression post-partum. Ce roman d’inspiration autobiographique est redécouvert par les féministes américaines des années 1970. Herland, à sa suite, devient l’une des oeuvres fondamentales du féminisme et doit aujourd’hui être lue pour comprendre le parcours de celles qui ont oeuvré à la longue et chaotique émancipation des femmes.
Citation :
« Nous étions d’autant plus déboussolés dans notre approche qu’il n’y avait pas de tradition sexuelle. Il n’existait pas de normes reconnues de ce qui était “viril” et de ce qui était “féminin” ».
Fiche rédigée par Brindha Seethanen-Thuot
