Juin 2025 - Roy

Fiche n°62 – Juin 2025

Poésies de Claude Roy

Poésie/Gallimard, 1970



« Je dis toujours la même chose / Mes poèmes sont évidents / Je dis de toi et de la rose / La vie l’amour la mort le temps... » Naïfs, les poèmes de Claude Roy ? Leur ton est souvent ingénu et rêveur : le vent, le temps, le ciel y parlent tout autant que les hommes. Poète des oiseaux et de l’amour, Claude Roy est pourtant aussi celui de la guerre, des peines, des absents – sans que sa grave douceur ne cède à la tristesse. Et si ses vers ont des airs classiques avec leurs rimes (presque) parfaites et leurs mètres (presque) réguliers, les règles ne sont jamais tout à fait prises au sérieux… « Ce qui me ferait vraiment plaisir en poésie », disait-il sur France Inter en 1950, « c’est de savoir que j’ai écrit deux vers qui ont fait du bien à quelqu’un dans un mauvais moment. » Pari gagné : ses textes consolent, font sourire et accompagnent bien longtemps après le livre refermé, s’offrant sans cesse dans leur immédiate clarté.


L’auteur


« J’écris un peu comme on chante dans le noir : à la fois pour me rassurer et essayer de me définir. » Définir Claude Roy n’est assurément pas facile. Jeune intellectuel un temps attiré par la droite (extrême) de Maurras, la guerre et la mort de plusieurs amis en 1940 lui font écrire ses premiers poèmes et s’engager dans la Résistance. Il se rapproche d’écrivains liés au parti communiste, auquel il adhère quelques années : Éluard (qu’il considère comme « le plus grand poète vivant »), Gide, Aragon. Poète, romancier, journaliste, critique d’art et reporter engagé, il admire aussi bien les poètes chinois que Saint John Perse et les surréalistes. Il n’a jamais cessé d’écrire, jusqu’au Poèmes à pas de loup publiés l’année de sa mort en 1997.

Citation


Je veux bien partir et être très mort

mais mes souvenirs seront-ils en vain

comme au fond des mers les galions pleins d’or

dormant dans le noir de l’eau sans chemins


Mais nos souvenirs seront-ils en vain



Fiche rédigée par Juliette Chivard