Fiche numéro : 50
Avril 2024 - Ozick
Fiche n°50 – Avril 2024
Le châle de Cynthia Ozick
Année de première publication : 1989
Titre original : The Shawl
Éditions de l'Olivier, 1991, pour la présente édition
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jean-Pierre Carasso
Lorsqu'elle était prisonnière d'un camp de concentration nazi, Rosa Lublin a vu son bébé, Magda, projeté d'un coup de pied de soldat sur une clôture électrique et mourir. Trente ans plus tard, elle vit à Miami dans un hôtel miteux et attend un colis. Son contenu : le châle dans lequel elle enveloppait son bébé et que sa nièce Stella doit lui envoyer depuis New York. Rosa est l'incarnation du passé qui ne passe pas. Elle refuse la mort de son enfant, passe son temps à lui écrire des lettres en polonais. Le monde, sourd à sa détresse, lui répète qu'elle a de la chance d'être en vie mais « appeler ça une vie c'est un mensonge ». Seul le châle qui permet de redonner vie à Magda peut ressusciter Rosa. Avec si peu de mots et tant de poésie, Cynthia Ozick réalise un tour de force : donner à sentir la folie toute maternelle de son personnage à la fois antipathique et bouleversant. Tout premier texte publié aux Éditions de l'Olivier, Le châle est un chef-d'oeuvre de la nouvelle et son autrice fut considérée par David Foster Wallace comme l'une des plus grandes autrices américaines.
L'autrice
Cynthia Ozick est née en 1928 dans le Bronx où ses parents qui ont fui les pogroms en Russie tiennent une pharmacie. De cette enfance passée dans le commerce de ses parents, elle garde le goût des histoires et après des études de lettres à la NYU, elle écrit une thèse sur Henry James à l'Université d'État de l'Ohio. À partir des années 1960, elle publie plusieurs romans dont La galaxie cannibale, Un monde vacillant et Les papiers de Puttermesser disponibles aux Éditions de l'Olivier, ainsi qu'un très grand nombre de nouvelles et d’œuvres de non-fiction . Elle est l'une des grandes figures du "roman juif américain".
Citation
“C'était un châle magique, capable de nourrir un enfançon trois jours et trois nuits. (…) Sur la route, elles levaient le fardeau d'une jambe après l'autre et examinaient le visage de Magda. « Aryenne », dit Stella d'une voix devenue aussi mince qu'un fil ; et Rosa songea que Stella regardait Magda comme une jeune cannibale. Et quand Stella dit « Aryenne », ce fut aux oreilles de Rosa comme si Stella avait dit en fait : « Dévorons-la »”
Fiche rédigée par Cyprien Guicheteau