Fiche numéro : 49

Mars 2024 - Hardellet

Fiche n°49 – Mars 2024

Le parc des archers d'André Hardellet

Année de première publication : 1962, Julliard

L'imaginaire, Gallimard, 1996 pour la présente édition

C'est à Paris (circa), c'est la Révolution, c'est l'Amour. Enfin, c'est-à-dire, la Révolution n'est pas sans poser de petits problèmes, et l'Amour, ma foi, sans occasionner de menues difficultés.

Un homme « revient d'un long voyage à l'étranger ». C'est un écrivain rêveur, nostalgique, dévoué à ses lubies, un chercheur de rien qui aimerait trouver la clef d'une ville présumée secrète, qui s'offre, qui échappe. « Chercheur d'or nocturne prospectant les bas-quartiers », appartenant à une sorte de « franc-maçonnerie du plaisir », en sous-marin dans la ville clandestine, il rêve, il vit, il s'abandonne à tous les hasards, à toutes les rencontres.

Oui, mais depuis son retour, la ville a changé et la peur y court. Les « flics pullulent », le langage sonne faux, les idées d'une modernité mutilante s'imposent. En deux mots, « la Gale » est là qui se répand en cercles concentriques et dont le pouvoir politique est le centre. Lui que rien ne destine à la lutte politique rencontrera bientôt un homme, Franck Blake, et une femme, Florence van Acker. À partir de là, l'insurrection des cœurs commence vraiment à prendre du volume !

À petites étapes – rien de plus simple – c'est comme ça que notre homme finira par laisser là le stylo, et jouer du bazooka dans l'enfilade parfaite des Champs-Élysées...

L'auteur

André Hardellet naît en 1911 à Vincennes (tiens) et a vécu ses premières années rue de Fontenay (tiens, tiens). Puis c'est dans le quartier Beaubourg qu'il vivra avec ses parents. Lycée Montaigne, Louis-le-Grand, Médecine, belle formation qui l'amènera à... rejoindre l'entreprise familiale. À cette époque, André mène une sorte de double vie de promeneux. Paris, la banlieue, les bords de Marne, les champs de courses. Il écrit déjà, mais ce sera Mac Orlan qui le publiera le premier en 1949. Les promenades se font alors plus nocturnes, en sympathie avec les mauvais garçons, les dames au grand cœur. Les chambres, les prés, les bars à tonneaux. On joue aux boules, des vieux jazz en sourdine. En même temps que quoi les œuvres abondent :

1952, La cité Montgol, poésie : un recueil très nervalien, avec du Coleridge et du titi ras du pavé.

1958, Le seuil du jardin : félicitations d'André Breton.

1966, Les chasseurs, que Gracq admirera.

1969, Lourdes, lentes... que la 17ème Chambre correctionnelle désapprouvera.

Ah oui, 1962, Le Parcs des Archers, classique du mois de mars 2024 à Millepages.

Hardellet est l'un de ces petits maîtres alchimistes de la prose poétique indispensable à nos bibliothèques. Un surgeon de Nerval, d'Alain-Fournier, des libertaires de tous temps, un tendre, un doux, un homme qui ne respecte que l'amitié et le plaisir. Il est des nôtres, sûr.

Citation

« D'une seule caresse je te ferai reluire ».

Fiche rédigée par Franck Solon