Caledonian Road est un roman dense et brillant qui conjugue le grand récit social avec l'intimité d'un portrait en détresse. Campbell Flynn, historien de l'art aussi prestigieux qu'aveuglé par ses contradictions, incarne les fractures d'une société londonienne post-Brexit : ascension sociale, privilèges et chute annoncée. O'Hagan aime son personnage autant qu'il le malmène, nous offrant un héros boomer dépassé, tour à tour agaçant et touchant mais jamais caricatural. Autour de lui gravite une galerie de personnages tentaculaire : du duc corrompu aux oligarques, des migrants aux dealers en passant par les militants et les fashionistas, dessinant une fresque balzacienne ou dickensienne. On rit, on grince des dents, on frémit devant cette satire où la comédie bascule entre le tragique et le comique. Roman d'une époque en crise, il explore corruption, inégalités, virilisme, capitalisme sauvage, cryptomonnaies et désillusions : une profusion de thèmes orchestrée avec une grande énergie narrative et une vraie élégance. Un livre-monde cruel et lumineux.