Mark Hollis ; talk talk ou l'art de l'effacement

"C'est une musique inépuisable, dont on ne fait jamais le tour, parce qu'on ne peut pas comprendre comment elle a été conçue... Elle n'assène rien, elle contemple. Elle amène à contempler..."

Dominique A, à propos de l'album Laughing Stock

Such A Shame, Life's What You Make It, It's My Life... Ces hymnes Pop du groupe Talk Talk ont fait danser certains d'entre nous jusqu'au bout de la nuit, mais qui connaît leur créateur, Mark Hollis ? Lorsqu'il disparait brutalement en février 2019 à l'âge de 64 ans, Mark Hollis s'était presque totalement retiré de la scène musicale. Pourtant, entre 1982 et 1991 - les cinq albums de Talk Talk avaient gentiment bousculé la toute nouvelle scène New Wave, s'attirant au passage l'hostilité de la critique anglaise. Avec les deux chefs d’œuvres que sont "Spirit Of Eden" (1988) et "Laughing Stock" (1991), Mark Hollis tord le cou du "tube" Pop en injectant ce qu'il faut d'avant-garde et de sidération raffinée. Un sabordage en beauté confirmé par l'expérience ultime que constitue "Mark Hollis", en 1998, seul album solo d'un homme dont on se dit qu'il a puisé dans le silence les notes vibrantes d'un mystérieux monde intérieur. Après, plus rien ou presque.

Il fallait rendre justice à l’œuvre fascinante de cet homme en retrait. C'est chose faite grâce à Frédéric Rapilly qui restitue dans ce petit livre passionnant l'itinéraire obstiné d'un artiste à la sensibilité hors du commun, avide de beauté et d'absolu. Très admiré par ses pairs, on retrouve l'influence de Mark Hollis chez Radiohead et Massive Attack, entre autres. Un livre qui donne envie de se perdre dans ces mélodies enivrantes, encore et encore.