La cause freudienne n.70 : le rapport sexuel au XXIe siècle

Ces vers de mirliton dont on s'amusait dans l'assistance du Séminaire de Lacan dans les années 60, font pourtant mouche d'épingler, en douze pieds seulement, la logique sexuelle. A chacun... La logique ne se montre évidemment jamais toute nue mais nous amuse en s'habillant ou se cachant sous les voiles les plus trompeurs. Ici elle se moque carrément du monde puisqu'à l'entendre, le bonheur ne serait que dans le couple hétérosexuel. N'indique-t-elle pas encore autre chose ? Que ce programme n'est pas seulement ridicule à l'ère du Pacs par son archaïsme mais aussi et surtout par son ambition même de programme ? En effet, cela ne vaut pas pour l'être parlant mais seulement pour ceux que celui-ci envie, soit les animaux. Il rêve de « b..... comme une bête » et quand il se fait tendre, c'est avec des mapupuce, matourterelle, monlapin, monloup, etc. Le règne animal est donc charmant parce que simple. Chacun y vaut l'autre, réalise l'espèce et peut s'accoupler avec tout le monde. Il n'est bien sûr pas question qu'il le fasse mais il en a l'aptitude. Dans l'humaine condition, les choses sont par contre beaucoup plus aléatoires. Qui voudrait de tout le monde ? Quelques-uns suffisent amplement... Si programme il y a, c'est une fameuse lacune. Elle est d'ailleurs tellement fameuse que nous reconnaissons dans cette faille rien de moins que le sujet lui-même. Pour l'être parlant, programme se dit rencontre, forcément hasardeuse et surprenante. En effet, elle n'est possible qu'à la condition, notait Lacan, que l'inconscient de chacun des tourtereaux consonne avec celui de l'autre. Si on aime les paradoxes temporels, on dira que la rencontre n'est prévisible qu'après-coup ! Consonner n'est pas communiquer mais affaire de résonance et d'écho. Tel analysant obsessionnel souffrant d'un penisneid à l'envers, regrettant de n'être pas femme, est ainsi tombé amoureux d'une créature rencontrée dans la salle d'attente de son dentiste. Il la trouva bien sûr pourvue des qualités nécessaires à l'aventure mais, de son côté, elle avait surtout eu l'idée, aussi géniale qu'inconsciente, de lui céder sa propre place alors qu'il n'y avait plus de chaises libres ! Le lecteur trouvera dans les pages qui suivent d'autres d'historiettes de ce genre témoignant qu'en matière sexuelle, l'imprévu est la règle de l'absence de règle et que le cocasse va toujours plus loin qu'aucun tragique.