L'épouse

Piper, l'épouse, a suivi son mari en mission humanitaire à Gaza. Nous sommes en 1974, quelques mois seulement après la guerre du Kippour. Sur cette étroite bande de terre sèche et oppressée, assaillie par les vents de sable, l'épouse tente de trouver sa place de femme européenne. Son attention se porte sur le vieux jardinier qui fait jaillir des fleurs de la poussière. Mais ces petits miracles suffisent-ils à vaincre l'ennui et la mélancolie ? Il y a bien son amie Mona, l'indépendante psychiatre gazaouie, mais le vague à l'âme l'emporte toujours un peu plus loin. L'expatriée n'est-elle pas en train de s'absenter d'elle-même ?

Ce portrait de la traversée du désert d'une femme délaissée donne la mesure du talent d'Anne-Sophie Subilia, sa capacité à faire entendre les dissonances dans la mélodie des jours. Son sens de l'observation et du détail conduisent à une certaine obsolescence de la psychologie des personnages. Elle nous fait humer la fournaise, palper la tension dans l'attente et goûter les grains de sable qui crissent sous la dent. On pense un peu à "Un thé au Sahara" de Bowles et au "Patient anglais" d'Ondaatje. Mais, on se dit surtout qu'on est en présence d'une magnifique écrivaine.