La grande bleue

1968, Marie, 18 ans, des rêves plein la tête épouse Michel tandis que les jeunes de son âge se rêvent les acteurs d'une société nouvelle. Marie grandit trop vite car le temps est à la révolte sociale et il faut assurer la vie d'une famille qui se compose : Angèle, l'aînée que la belle soeur Simone n'arrive jamais à nommer, puis Raoul qui ne laissent pas le temps à Marie de profiter de sa jeunesse, les "belles années" comme on les appelle. Car la jeunesse de Marie a la beauté d'une époque bouleversée. A Vésoul, les usines Peugeot où Michel fatigue sa carcasse, étend son empire, A besançon encore, où travaille Delphine, l'amie d'enfance de Marie, l'entreprise Lip veut licencier une bonne partie de ses salariés et se retrouve le théâtre d'une histoire syndicale sans précédent. Marie embauche, pointe, fait ses heures mais sa maladresse lui colle à la peau et lui vaut le surnom de la bleue. Les premiers immigrés algériens viennent trouver de quoi nourrir les familles restées aux pays et font l'objet d'une attention soutenue de la part de la gente féminine qui bénie, en passant, la loi autorisant la pilule. Et Marie peut jouir de ne pas être seulement mère. C'est aussi le temps des remises en question. Les rêves construits à deux sont évanescents et Marie souhaite s'affranchir des liens qui l'unissent à cette campagne désuète. C'est ailleurs qu'il faut être, là où la méditerrannée laisse des embruns de bonheur sur la peau. Partir ! Oui, mais les usines

C'est ici la grande force de Nathalie Démoulin, trouver dans un passé vieillissant, des visages lumineux qui ont participé de l'histoire social. Son écriture aérienne et parfaitement maîtrisée en retranscrit avec justesse la scintillante vérité. Entre récit intime et roman social, le lecteur découvre le portrait d'une France oubliée dont nous sommes pourtant les valeureux héritiers.