L'empreinte à Crusoé

Formidable adaptation du mythe de Robinson, offerte par l'un des auteurs les plus exigeants de sa génération. Patrick Chamoiseau féconde la langue par la puissance de son talent pour nous donner une oeuvre riche aux interrogations plurielles. La mystérieuse empreinte à Crusoé sera pretexte à discourir sur l'ineffable condition humaine. C'est un Robinson naissant au monde (puisqu'il souffre d'amnésie à son arrivée sur l'île), que l'on découvre. Désespérément seul, il fait face à la difficulté d'une langue qu'il ne parle plus (travaillera les cris rauques sortis de sa gorge pour arriver à la beauté originelle du mot), pour tenter d'apprivoiser cet Autre dont on attend avec impatience qu'il se dévoile. Car cet Autre, loin d'être la seule représentation d'un monde disparu, fait aussi ressurgir la conscience d'une solitude plus métaphysique que matérielle puisque intrinsèque à l'existence humaine. Et c'est finalement dans ce double isolement, que nous suivons Robinson, au fil de sa conscience, faire le cheminement qui le mènera à la quête ultime : la connaissance de soi.