Celui qui en parle mieux, c'est encore Chester Himes lui-même : "Dans la fin d'un primitif, j'ai tenté une expérience : décrire l'idiotie du XXe siècle". Vaste programme ! Qu'en est-il exactement ? New York année 50, Christina noie ses frustrations dans le whisky, "de bonne qualité" précise l'auteur, et se pâme dans les bras des hommes noirs pour oublier que son mari se soucie d'elle comme d'une guigne. Jesse est un écrivain noir borderline. Le temps d'un week end de fiesta de tous les diables dont l'issue ne peut être qu'un drame, ce sont les dérives de la civilisation américaine qui vont être violemment décortiqués. Les préjugés raciaux, le puritanisme, les faux-semblants et la condition faite aux femmes, le coriace Chester Himes passe tout au crible sans pitié aucune. On sort de là fourbu mais heureux d'avoir été littérairement passé à tabac par une plume de cet acabit.