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Comment devenir un génie ?

Comment devenir un génie ?

de Malcolm de Chazal

chez PHILIPPE REY

Paru le 12/10/2006

24,00€ Disponible sur commande
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Chronique de Pascal Thuot

Du 24/09/2009


« À l?Ile Maurice, il y a deux types de gens : les Mauriciens et les Chazal. »


Chazal a fait de sa condition d?insulaire une nature littéraire.


Lorsque parait l?énorme « Sens plastique » en 1948, c?est un pavé lancé de Maurice qui tombe dans la mare littéraire française sur laquelle règnent les grandes figures gallimardesques que sont Breton et Paulhan. La langue de Chazal met tout le monde sur le flanc. Ils en sont littéralement babas. Le Chazal cosmico-caustique, roi de l?analogie, sera néanmoins maintenu à l?écart de l?ascenseur des Lettres. Le chroniqueur admirable qui nous est dévoilé ici prend plaisir à dynamiter les idées reçues sur Maurice et fait ?uvre de liberté absolue sur ce peu de terre cerné par les eaux qu?il aime avec férocité. Souvent drôles, toujours perspicaces et visionnaires, ces textes montrent comment Chazal le mégalo équilibre son point de vue par un sens profond de l?autodérision : « J?ai découvert récemment que tout en étant de loin l?esprit le plus intelligent de ce pays, j?étais, ou je suis devenu l?être le plus grotesque le l?île Maurice. » Etonnant, non ?


Malcolm de Chazal, né à l'île Maurice en 1902, ingénieur sucrier de formation, publie dans son pays à partir de 1940 des recueils de « pensées » et aphorismes divers. En 1947, il fait parvenir l'un de ces volumes, Sens plastique, à ceux des intellectuels français qu'il juge dignes de le recevoir : André Breton, Jean Paulhan, Francis Ponge et quelques autres. Le recueil est accueilli dans l'enthousiasme et il est réédité par Gallimard : il impose Malcolm de Chazal comme un astre poétique nouveau, réinventant le surréalisme dans son île lointaine, retrouvant en autodidacte les intuitions de la cabale et de la théosophie. Jean Paulhan proclame que « Chazal mérite le nom de génie et aucun autre ». Les oeuvres ultérieures de Chazal, pour la plupart éditées dans son île, comme Petrusmok (1951), ont été reçues avec plus de circonspection. On n'était pas préparé à recevoir ses étranges révélations : que l'île Maurice est le vestige du continent englouti de la Lémurie, que ses montagnes ont été sculptées par des géants antéhistoriques, qu'elle est le lieu magique absolu qui renferme « tout le mystère du monde ». Avec le temps, le délire chazalien est apparu pour ce qu'il est : une extraordinaire construction poétique qui réussit à faire d'une île du bout du monde le centre de l'univers et le lieu d'origine de la civilisation. 70 De 1948 à sa mort, en 1981, Malcom de Chazal avait donné à la presse mauricienne des centaines de chroniques. Il y réagit à l'actualité, explique pourquoi il est favorable à l'indépendance de son île, vitupère ses contemporains (et particulièrement la bonne société blanche des possédants, dont il est issu). Surtout, il fabrique son image de génie solitaire et incompris (sauf par les petits marchands du « Bazar »), il expose sa pensée cosmique et développe son mythe lémurien. Le présent ouvrage rassemble un choix de deux cents de ces articles, qui donnent à voir comment Chazal a construit son personnage de délirant insulaire (enfermé comme Salvador Dali dans la certitude d'être un génie, peut-être le seul vrai génie). Mais ces chroniques révèlent aussi sa vaste culture, sa curiosité toujours en éveil et surtout son humour dévastateur: difficile de ne pas s'amuser à la lecture de ces pages restées bien vivantes. Au fond, ces articles mettent en application un des aphorismes de Sens plastique : « Le rire est une évacuation psychique. Qui rit peu deviendra par degrés constipé de la face. Le rire est, de ce fait, le meilleur anti-toxin de la peau. »
EAN
9782848760506
DATE PARUTION
12/10/2006
SUPPORT
Grand format
PAGES
478
POIDS
0.65g