Fiche numéro : 47

Janvier 2024 - Sapphṓ

Fiche n°47 – Janvier 2024

Odes et fragments de Sapphô

Année de première publication : inconnue, probablement au VIe siècle avant notre ère, sur papyrus

Éditions Gallimard, 2005 pour la présente édition

Traduit du grec ancien par Yves Battistini

Vingt-six siècles nous séparent de Sapphô… Qui le dirait ? Ce n’est pas pour rien que son traducteur la désigne comme notre « perpétuelle contemporaine » : Sapphô chante tout ce qui fait encore la raison d’être de la poésie, sa peur de la vieillesse et de la mort, le lien avec sa fille, ses réflexions critiques sur ses pairs (surtout les hommes !), ses amours jalouses et passionnées pour des femmes… Sans oublier quelques instants suspendus de jours ordinaires : un fragment de paysage, un bruissement d’étoffe ou une étoile dans la nuit.

Fragmentaire, toute son œuvre l’est : l’ensemble n’en a pu être conservé, un peu trop « lesbien » pour les moines copistes médiévaux qui avaient son avenir entre leurs mains… Mais cette incomplétude ajoute encore au charme déroutant du lyrisme de la poétesse : prenant parfois des airs d’aphorismes, ses poèmes aussi antiques que modernes séduisent par leur force d’évocation, leur effronterie assumée et leur élégante musicalité.

L’auteur

Sapphô est avant tout une énigme. On sait peu de choses de cette poétesse et musicienne dont l’existence est pourtant bien attestée en Grèce antique au cours des VIIe et VIe siècles avant notre ère, si ce n’est qu’elle a vécu sur l’île de Lesbos, enseignant la musique et le chant à un groupe de jeunes filles nobles… D’où la réputation sulfureuse dont elle a hérité, ainsi que l’île ! Si Sapphô semble avoir eu des relations amoureuses avec des femmes et notamment certaines de ses élèves, sa vie est cependant loin de se résumer à cela : c’est une mère, une sœur, une figure importante de son temps en tant que descendante d’une famille d’aristocrates de Lesbos forcée à l’exil par un tyran. Mais elle était et demeure surtout une poétesse exceptionnelle qui a forgé sa propre forme poétique en s’inspirant d’Homère et dont la voix originale lui vaudra un surnom de Platon retenu par la postérité : « la Dixième Muse ».

Citations

[52] Toucher le ciel ? Je ne crois pas, avec mes faibles bras !

[94] Sans mentir je voudrais être morte.

En me quittant elle pleurait

bien des larmes ; elle m’a dit : « Ah quelle épreuve cruelle est la nôtre,

Sapphô, contre mon gré je t’abandonne »

Fiche rédigée par Juliette Chivard